Le Benskin à Douala , un moyen de transport aux tendances artistiques

Des années plutôt, la moto était un moyen de transport personnel. Ceux qui en possédaient avaient des allures de séducteurs et une petite part de "gangstérisme" assumé.
Ce temps est désormais révolu. Depuis quelques années, la moto est devenu un outil plus qu’utile. Elles se font appelées Benskin, rappelant la célèbre danse traditionnelle du grand groupe Bamileke à l’ouest du Cameroun.
Au fil du temps, le Benskin est devenu un métier entier, bien qu’informel, mais tout de même un métier. Le fort taux de chômage chez les jeunes expliquent la montée spectaculaire du nombre de benskineurs. En l'absence de statistique officielles, on estime à environ 100 000 le nombre de benskineurs présents à Douala.
Le Benskin s’impose donc bruyamment dans les rues de Douala et les habitants s'en sont appropriés.
En effet, de par les avantages qu'il apporte, il est devenu incontournable. On se sent obligés d’emprunter un benskin, soit pour arriver à temps à son rendez-vous, soit pour aller dans un lieu pas très praticable. Certains quartiers de Village, Kotto ou Yassa seraient inhabitables sans la présence de ces transporteurs.
Douala, capitale de l’art
Un autre aspect du benskin repose sur son côté artistique. En effet, consciemment ou inconsciemment, les benskineurs remodèlent leurs engins avec une créativité remarquable. On peut retrouver parfois des gyrophares disposés de façon artistique, des fleurs à l’arrière ou à l’avant de la moto, des peintures par ci par là, des rubans adhésifs de couleurs collés sur le réservoir ou sur les guidons. On pourrait organiser une exposition d'art avec ces artistes.
Quelque fois ce sont des parapluies démontables qu’on y trouve pour se cacher du soleil, du vent ou de la pluie. Le benskineur n’est pas des restes car lui également joue un rôle sur ce tableau.
Vêtus de doudounes, t-shirt redoublés, bonnet et lunettes bien mis en place, les benskineurs sont prêts à affronter le monde tous les matins. On retrouve aussi souvent quelques éléments tels que des plaquettes mises à l’arrière de leur véhicule avec inscrit dessus des messages de tous genres, qui apportent une touche particulière à chaque benskin.
De la mauvaise graine dans le groupe
La devise du benskineur est: "faufiler peu importe la taille de l'espace". Si vous êtes cardiaques, évitez la moto. Pendant que certains sont réservés de toute cette agressivité, d’autres par contre s’y donnent corps et âmes, à croire que l’intention est sciemment recherchée. En quête pressente de gain, les benskineurs sont de plus en plus sur le qui-vive; en brûlant au passage des feux de signalisation, créant des trafics qui mettent en péril la sécurité des passagers. Quelques fois encore, on peut on note cette agression au niveau du langage, des conversations. D’aucuns s’appellent « Babana » entre eux qui signifie « frère » dans la région du nord Cameroun, et est devenu un expression de nargue à Douala.
Bendskin et sanctions.
En 2012, le préfet du département du wouri de l’époque interdisait la circulation des mototaximen dans certains quartiers de la ville tels que Bonanjo, Bali, Bonapriso, Deido, New-bell, Bonassama, Akwa, ou encore Koumassi. En effet, leur grande affluence a généré une sorte de désordre urbain sur les routes, impliquant l’agression des passagers, une agglutination mal orientée de ces motos de part et d’autres dans la ville, créant alors des embouteillages à tous les carrefours. Suite à cette note du préfet qui réduisait considérablement la circonférence de leurs activités, il s’en est suivi des conséquences.
Les bendskineurs se sont vus être victimes de la baisse de leurs revenus quotidiens, du chômage accru.
La population subissait elle aussi, les dommages de cette décision, à savoir, les surenchères des prix du taxi, les difficultés à se mouvoir ou d’aller à une destination où les taxis ne pouvaient se rendre. Et encore les retards à leur lieu de travail.
Les avis étaient mitigés: pendant que certains approuvaient la décision en argumentant le bien-être des populations, d’autres se retrouvaient pénalisés.
Il ne fallait absolument pas déroger à la règle, sous peine d’amende d’une somme allant de 5000f à 25000f.
Le temps étant le meilleur allié, la voix des bendskineurs avait été entendue, l’interdiction a été levé. Désormais on pouvait circuler partout, sauf dans les quartiers résidentiels et administratifs tels que Bonanjo et Bonapriso.
Le benskin est l’un des éléments qu’on remarque tout de suite à Douala, une pièce forte qui représente bien la ville, une part de son identité aussi. Un véhicule de deux roues qui s’est imposé avec bravoure dans les habitudes de la population. Il constitue donc un avantage et un inconvénient pour tous. Qu’on l’aime ou pas, le benskin fait partie de nos vies à Douala.