L' ANCIEN HÔPITAL GÉNÉRAL, TÉMOIN DE LA NAISSANCE DE LA LÉGENDE « MANU DIBANGO »
Il a été construit en 1896 par l'architecte allemand Henri Drees, à l’initiative du médecin du service de la Santé Albert Plehn. A sa construction, il était nommé « Hôpital Nachtigal », en hommage au consul Gustav Nachtigal. Car une décennie avant, ce dernier avait rendu effective l'institution du protectorat allemand, par signature du traité Germano-duala. Mais seulement, cet hôpital était exclusivement destiné aux Européens de service au Cameroun.
La présence allemande était nécessaire pour administrer le Kamerun sous protectorat. Cependant, ce territoire au climat tropical favorisait le mal-être de bon nombre d'entre eux, qui ne manquaient pas de tomber malade. La distance qui séparait l'Allemagne du Kamerun causait le décès de ceux là qui tentaient de rentrer se faire soigner dans leur pays natal. Sur cette base, le docteur Albert Plehn émis l'idée de faire construire un hôpital pour soigner uniquement les Européens au Cameroun.
Malgré ses dimensions monumentales pour l’époque, ce bâtiment fut agrandi sous le Mandat français, en 1930. Et pour maintenir la séparation entre noirs et blancs, l'administration française a construit l'hôpital Laquintinie pour les indigènes. En dépit de cette volonté de ségrégation raciale, contre toutes attentes, nacquit dans l'ancien hôpital général un Homme de teinte noire. Alors il s'agissait de qui? Comment est-ce arrivé ? En guise d'indices, laissons nous bercer par ces paroles « Mama-ko Mama-sa Mama Makossa (bis*4) ». Vous comprenez donc qu'il s'agit de la légende Manu Dibango.
Dans les lignes suivantes, nous découvrirons l'histoire cachée derrière la naissance de ce dernier, à cet endroit pourtant circonscrit à la race blanche.
L'extraordinaire naissance de Manu Dibango
Vous savez sûrement qui est Manu Dibango !! De son vrai nom Odilien Emmanuel Dibango, le regretté de mémoire était un saxophoniste et chanteur de world jazz. Les incontournables paroles « Mama-ko Mama-sa Mama Makossa » de son titre de 1972 intitulé « Soul Makossa », ont été reprises dans les tubes à succès : « Wanna be startin’ something » de Michael Jackson, et « Don’t stop the Music » de Rihanna.
L'épopée nous relate que, par le passé sa mère avait eut à aider une femme blanche à donner naissance par le biais des méthodes indigènes. Et à son tour, lorsqu'elle était sur le point de donner naissance, en guise de remerciement, la femme blanche l'amenait dans l'hôpital Nachtigal. C'est dans ce contexte que Manu Dibango était le premier Noir à naître dans cet hôpital réservé à la race blanche, le 12 décembre 1933.
L'ancien hôpital général de nos jours
Après l'obtention de l'indépendance du Cameroun, ce bâtiment pris la dénomination d' « hôpital général ». Mais, actuellement sa fonction n'est plus la même, car il porte en son sein la Délégation Provinciale de la Culture et certains services de Police.
Si vous êtes de passage dans la ville de Douala, n'hésitez pas à aller voir de plus près cette bâtisse, témoin et porteuse d'une belle histoire.
