On a pris le train Douala-Yaoundé ! Voici le résumé

Par: SORTIR À DOUALA  le 29 octobre 2022
sortiradouala article
Dernière modification le 24 janvier 2023

Le 26 Avril 2021, devant un parterre de journalistes, le Ministre des Transports Ngalle BIBEHE inaugurait le « Train Express Douala-Yaoundé » . Pour l’occasion, IL était accompagné du top management de CAMRAIL la régie de transport ferroviaire du Cameroun. Avec la validation du PCA de la société Pascal MINY, le ministre promettait un train plus sûr, plus rapide, plus ponctuel et surtout plus agréable pour les voyageurs.

Un an après, quel bilan opérationnel pouvons-nous tirer de ce programme qualifié de révolutionnaire à l’époque ? Sortir à Douala a fait le voyage Douala-Yaoundé dont la substance vous est ici présentée.

Il convient d’emblée de rappeler que le train occupe une place restreinte dans le transport inter-urbain au Cameroun. Seule la ligne Yaoundé-Garoua présente un taux de remplissage et une activité soutenus.

L'accueil impeccable à la Gare de Bessengue

Au départ de Douala, c’est la gare voyageurs de Bessengue qui accueille les passagers. Cette dernière a bénéficié d’une rénovation récente et affiche fière allure. Un imposant massif de béton dessine de belles courbes du hall d’entrée : aucun déchet ne traine, une curiosité quand on vient de passer par la Douche Municipale.

Dans le hall de la gare, levez les yeux et vous serez captivé et apaisé par le lumineux spectacle coloré du plafond d’écailles. Les faisceaux de lumière naturelle qui pénètrent par les baies vitrées se marient subtilement avec les ampoules LED. On aperçoit au loin une locomotive ancienne portant l’inscription « Decauville Aine _ Corbeil ». Jusqu’ici tout est agréable.

Une succession de paysages dissonants

Confortablement installé dans le train, on décolle à l’heure annoncée pour un voyage de 4h45 jusqu’à Yaoundé. La sortie de la gare est un cinglant rappel qu’on est encore dans la « ville du désordre ». Après les installations de la SNH, on est happé par le bouillonnement matinal du Carrefour Ndokoti. Nyalla et ses environs nous offrent un triste paysage de la misère qui habite la ville de Douala. Des maisons installées le long des voies de chemin de fer, des mamans qui font la vaisselle quasiment sur les voies, des enfants qui marchent sur les rails pour se rendre à l’école. Des scènes hallucinantes qu’on croirait tirer d’un film de science-fiction. Toutes ces personnes lèvent la tête au passage du train comme pour dire Bonjour à cet ami journalier.

Loin des bruits et de ce tableau urbain de Douala, le train nous conduit vers des paysages incroyables à couper le souffle.

Plus d’antennes paraboliques mais des arbres hauts comme la tour Eiffel !

Plus de motos embouteillées mais des habitants à vélo ou à pieds qui traversent des routes de terre.

Bienvenue dans la Sanaga Maritime. D’immenses étendues de massifs verts, des bataillons de palmiers et de sublimes mélodies entonnées par les oiseaux nous bercent.



A chaque gare, des voyageurs chevauchent les voies pour nous rejoindre faute de quais dans les deux sens. Edea, Eseka, Makak, Ngoumou sont les haltes que nous effectuons. Le long de ces villages, les programmes des obsèques sont affichés face aux trains comme pour rappeler aux voyageurs que le deuil est une affaire de tous et qu’il est important d’avoir une pensée pour ces visages.

Le confort dans tout ça ?

Dans l’ensemble, le service à bord du Train Express Douala-Yaoundé est plutôt d’une qualité satisfaisante. On est loin des trains de dernière génération observables ailleurs mais le minimum de confort est assuré. Sauf pour les sanitaires et la restauration.

On se sent bien installé dans les sièges. Malheureusement, la musique permanente est inconfortable. Une discographie qui est à 80% étrangère (ivoirienne, nigériane, française) et 20% camerounaise des années 2000. Une actualisation serait intéressante avec une part importante consacrée à la musique contemporaine de notre pays.

La restauration est un gros point faible. Sans tomber dans un lynchage abject, les sandwichs laissent à désirer. Le pain chargé coûte 1000 Fcfa (on n’appellera pas ça sandwich) et est immangeable.

Pour ceux qui se sont toujours posé la question, oui les toilettes du train se déversent sur la voie directement. Leur propreté est un autre débat. On pourrait se plaindre du bruit assourdissant du klaxon permanent mais c’est un moyen de prévenir les populations du passage du train pour éviter des accidents.

L’accès la connexion internet est un calvaire (je comprends que certains réseaux captent plus que d'autres). Aucune connexion internet durant le trajet, je vous laisse imaginer les 4h45. Le sommeil sera votre meilleur allié dans ces moments.

Après Ngoumou, on commence à apercevoir la terre rouge qui donne sa couleur aux batiments de Yaoundé. Le Lac municipal de Yaoundé avec sa clique de SDFs semblent nous prévenir de ce qui nous attend à l’avenue Kennedy. La gare de Yaoundé avec ses palmiers est une sublime infrastructure. Petit contrôle de ticket à la sortie et nous achevons ainsi ce périple long de 4h45.

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